Sur le continent africain, l’entrepreneuriat constitue un choix professionnel de plus en plus prisé par les femmes. Même si les hommes dominent encore ce secteur, certaines femmes sont parvenues à imposer leur leadership et à devenir une réelle référence en matière d’entrepreneuriat féminin. Que ce soit dans les agro industries, dans la tech, la mode, la beauté, ou dans le domaine de la communication, les femmes sénégalaises créent des entreprises à fort potentiel. Elles sont inspirantes à plus d’un titre, que ce soit par leur projet, leur leadership, leur parcours ou leur personnalité. Au Sénégal, 46 % de ces femmes chefs d’entreprise évoluent dans l’agro-alimentaire. 36 % exercent leurs activités dans l’industrie culturelle et dans la production artistique. 17 % d’entre elles sont des patronnes de sociétés qui proposent des produits et services divers. Le reste évolue dans l’industrie et les services cosmétiques. Si certaines de ces femmes entrepreneures sénégalaises sont déjà très connues en Afrique, d’autres sont des pépites à découvrir et à suivre de près dans les prochaines années. Voici 11 entrepreneures sénégalaises qui font vibrer l’écosystème entrepreneurial en Afrique.
Aissa Dione : La reine du textile africain
Aissa Dione tient les rênes de la transformation et de la commercialisation des pagnes tissés manjak. Ce textile provient du Sénégal, du Cap Vert, de la Guinée- Bissau, et symbolise un certain prestige africain. La clientèle de Aissa Dione Tissus est composée de sommités de la haute couture à l’instar de Christian Lacroix ou de Paco Rabanne.
Aissa Dione a procédé à des innovations en confectionnant du mobilier recouvert de tissu manjak. Ses créations ne s’arrêtent pas là. Elle fabrique également des sacs et des accessoires de femmes qu’elles confectionnent avec du textile. Pour la fabrication de ses œuvres, Aissa se sert de mélange de teintes telluriques et de substances végétales. Son objectif : mettre en valeur le pagne tissé.
Aissa Dione reçoit dans sa galerie Atiss des œuvres d’artistes dont elle tient à faire connaître le talent. Aissa Dione n’a cessé de prôner la consommation de produits fabriqués en local. Selon elle, les africains devraient pouvoir transformer en local leur coton.
Anta Babacar Ngom : leader de l’entrepreneuriat avicole au Sénégal
Elle est à la tête du groupe SEDIMA qui est spécialisé dans l’activité avicole. Après ses études au Canada et en France, Anta rentre au Sénégal et intègre l’entreprise créée par son père. Après avoir gravi progressivement les échelons, Anta est parvenue à se hisser à la tête de SEDIMA après 7 ans de carrière. Elle entreprend de grands investissements qui font de SEDIMA aujourd’hui le plus grand abattoir de l’Afrique de l’Ouest. 4000 poulets peuvent y être abattus et traités par heure.
En 2017, elle accepté de présider le Forum des héroïnes de Dakar, qui s’est consacré au leadership féminin. Ce creuset se veut une opportunité de main tendue des femmes leaders aux jeunes femmes cadres qui aspirent devenir également leader de demain.
Amy sarr : consultante internationale en communication
Titulaire d’un Bachelor en communication internationale obtenu à Paris, Amy est aujourd’hui patronne de l’agence de communication et du magazine Intelligences. Elle est à l’initiative de plusieurs cérémonies de célébration du leadership féminin au Sénégal. C’est ainsi qu’elle a été l’initiatrice d’un évènement de consécration de 50 femmes sénégalaises leaders d’exceptions. Dans cette même optique, elle a été à l’origine de la tournée du leadership féminin qui a connu la participation de 3 000 femmes. Celles-ci provenaient pour la plupart des zones rurales du Sénégal.
La mobilisation de la grande rentrée citoyenne qui réunit une centaine d’établissements scolaires est également l’œuvre d’Amy Sarr. Une rencontre qui a pu rassembler 1 800 jeunes qui se sont penchés sur les questions de valeurs , de citoyenneté et d’excellence.
Amy Sarr est une conférencière, motivatrice des jeunes et de la gent féminine. Son cheval de bataille est d’emporter la conviction des jeunes et des femmes africaines qu’ils doivent devenir acteurs de leur développement et non se contenter d’en être des spectateurs.
En 2009, Amy Sarr a apporté sa pierre à l’édifice dans la lutte contre le paludisme à l’hôpital principal de Dakar. Elle avait contribué à optimiser les efforts des campagnes de lutte contre cette maladie aux côtés de Boubacar Wade.
Fatoumata Bâ : fondatrice de janngo
Elle abandonne Jumia en 2017 pour se consacrer à la création et au développement de Janngo. L’année suivante, elle parvient à mobiliser une levée de fonds pour le lancement de ses activités. Cette levée de fonds d’une valeur d’un million d’euros a été mobilisée entre autres auprès du département innovation métiers de la famille Mulliez. Clipperton, banque d’affaires européenne, ainsi que Soeximex, société d’import-export installée en Afrique de l’Ouest ont contribué également à cette mobilisation de financement.
Fatoumata Bâ est convaincue que grâce à la technologie, l’Afrique peut amorcer son développement. Pour y parvenir, elle estime qu’il faille se concentrer sur l’entrepreneuriat, l’autonomisation des femmes, la création et la formalisation des PME. De même, elle pense que le développement de l’Afrique passe également par la résolution des problèmes de déscolarisation, d’analphabétisme et des problèmes sanitaires.
Fatoumata a reçu plusieurs distinctions dont les prix ‘young global leader’, ‘economic leaders of tomorrow’, ‘30 under 30’. Aux côtés de Viviane Redding, Marissa Mayer et Arianna Huffington, elle a reçu le prix Aenne Burda pour son leadership.
Coura Sène : general manager de Wave Mobile Money
Coura Sène est nantie d’un diplôme d’ingénieure en informatique et statistique. À la suite de dix années de vie professionnelle dans des entreprises européennes, Coura Sène décide de rentrer au Sénégal. Pendant environ 10 années au Sénégal, Coura Sène a été consultante pour diverses entreprises évoluant dans la monnaie électronique.
Le système Wave a été lancé en 2018 au Sénégal et vise l’inclusion financière. Wave propose à la population sénégalaise des services de transfert d’argent, de paiement de facture d’eau et d’électricité à des tarifs très abordables. Pour les transferts d’argent à titre d’exemple, seul un taux de 1 % est prélevé.
En 2021, Wave Mobile Money est devenue la fintech ayant le plus fort taux de croissance en Afrique de l’Ouest.
Wave est utilisé par plusieurs millions de Sénégalais quotidiennement. Wave s’est étendu dans trois autres pays ouest-africains. Les Ivoiriens, les Maliens, les Burkinabés s’accommodent déjà progressivement à ce réseau de services financiers mobiles inclusifs.
L’implantation des services du réseau Wave créent des emplois pour les jeunes. Au Sénégal Wave compte 14 000 partenaires commerciaux dans le déploiement de ses services. En Côte d’Ivoire , l’arrivée de Wave a généré 600 emplois directs et permanents.
Ce réseau de services financiers mobiles vise à long terme à permettre à tous les Africains de pouvoir effectuer tout type de transaction par Wave Mobile Money.
Ndeye Thiaw : patronne de WestPlus
Ndeye Thiaw a grandi dans une famille nombreuse et avait pour gageure de se hisser professionnellement et économiquement en vue d’aider ses frères et sœurs. À la base, elle se sentait plutôt éprise pour les lettres et la passion d’écriture. Mais il lui a fallu un stage à l’International Finance Corporation dans le cadre de son MBA pour qu’elle se passionne pour les finances. Dans cette structure, elle a eu l’aubaine de se faire des mentors prestigieux. Son aventure entrepreneuriale a commencé avec une petite agence de conseil en financement.
Par la suite, elle a tenté sa chance dans le domaine de l’agriculture et a remarqué le manque de données dans ce domaine. Les informations sont importantes pour servir de justificatifs aux fournisseurs et aux bailleurs. En ce moment , l’État lui propose de travailler sur un projet qui vise la formalisation des entrepreneurs agricoles et l’impulsion de la motivation entrepreneuriale chez les jeunes.
Forte de ses compétences de montage de dossier de financement et de recherche de financement, Ndeye décida de monter West Plus avec ses économies. Elle a pu se trouver des marchés et des contrats. West Plus se charge de trouver des financements pour les entreprises auprès des banques.
Par la suite, elle a reçu la proposition de rejoindre un fonds d’investissement. Ce qu’elle fit. Aujourd’hui Ndeye est sur deux fronts ; West Plus, sa propre société de levée de fonds d’une part. D’autre part, BrightMore Capital, un fonds d’investissement qu’elle gère avec d’autres associés.
Ndeye Thiaw trouve que le monde des finances est très masculin et qu’il est quasiment impossible pour une femme ayant des obligations conjugales de prospérer dans ce métier. Car il faut être aux aguets à tout instant afin de décrocher des opportunités. De même, c’est un domaine qui vous fait beaucoup voyager et travailler parfois à des heures tardives.
Nicole Gakou : A la tête des éditions Kalaama
Nicole Gakou est à la tête d’une entreprise d’impression industrielle, la nouvelle société d’arts graphiques. Elle a créé cette unité de production neuf ans après l’obtention de son diplôme d’ingénieures en technologies informatiques. Dans les années 1980, elle a pris en charge le volet administratif de l’entreprise de son conjoint.
En 2003, sa société d’arts graphiques remporte un appel d’offres pour l’impression d’ouvrages scolaires. Lors de l’exécution de ce contrat, elle a l’opportunité de côtoyer l’équipe d’EDICEF. C’est une maison d’édition qui est une filiale de Hachette dont la mission est de répondre aux attentes en matière livresque du public francophone africain et malgache.
Cette expérience lui a permis de monter sa propre maison d’édition dénommée les éditions Kalaama. Elle s’est spécialisée dans la littérature de la jeunesse orientée vers la culture et les valeurs africaines. Les ouvrages sont édités dans les langues locales en priorité. Elle est également la Présidente de l’Union des femmes chefs d’entreprise du Sénégal.
Hélène Daba : créatrice de la marque Sisters Of Africa
Sisters Of Africa (S.O.A.) est une entreprise de mode créée par Hélène Daba. Elle confectionne essentiellement des accessoires et vêtements pour les femmes. Hélène était mannequin puis hôtesse de l’air avant de se lancer dans la création de son entreprise.
Les matériaux utilisés par S.O.A. pour la confection de ses articles sont en grande partie locaux. Les tissus utilisés sont africains. S.O.A propose au public des collections telles que Terou-Musu ou printemps été. Terou Musu signifie du reste en langue locale sénégalaise, belle femme. Chaque collection incarne, la liberté, le féminisme et l’élégance de la femme moderne africaine.
Khady Niang Diakhaté : pionnière du maquillage professionnel
Khady a suivi ses formations professionnelles en maquillage dans les plus grands instituts au monde. Elle a à son actif plus d’une décennie d’expériences professionnelles très enrichissantes. Khady Niang Diakhaté dispose ainsi d’un capital colossal en matière de compétences et de savoir-faire en soins de beauté.
Elle a été sollicitée à maintes reprises pour des make-up pour des cérémonies , des défilés, des présentations télévisuelles et cinématographiques. Pendant 5 ans, elle fût chef maquilleuse à la TFM.
Khady a le sens de partage et se rend disponible pour transmettre sa dextérité et son savoir-faire en make-up et soins de beauté à la jeune génération.
Khady a ouvert une école de maquillage en France en 2006 puis une autre aux États-Unis en 2009. À Dakar, elle dispose d’une académie de maquillage professionnel. Par ailleurs, elle organise chaque année, des masterclass aux quatre coins du globe.
Niang Niox Fatim : directrice exécutive de Jokkolabs
Niang Niox Fatim est la directrice de l’espace de co-working Jokkolabs créé par Karim Sy. Elle a fait ses études de base en informatique de gestion, puis d’autres études en langues et tourisme plus tard. Elle est titulaire d’un master en management.
L’objectif de Jokkolabs est de fédérer des entreprises autour d’un réseau de partage de savoir, de connaissance, d’opportunités et de débouchés professionnels. Dans ce sens, Jokkolabs vise à stimuler l’innovation dans tous les domaines en Afrique.
Sa directrice exécutive, Niang Nox fatim a été lauréate du prix « les margarets» dans la catégorie Intrapreneure Afrique en 2020.
Bitilokho Ndiaye : promotrice du concours jiggen-ci Tic
Bitilokho Ndiaye initie chaque année depuis 2012, la journée des filles dans les TICs. Des projets dans le domaine technologique soutenus par des filles reçoivent des financements qui varient entre 250 000 et 1 million de francs CFA.
En 2015, le concours a été organisé sur le plan régional. Il a été étendu à tous les pays de la CEDEAO.
À travers le projet Jiggen-ci TIC, Bitilokho Ndiaye vise la constitution d’un capital en ressources humaines de qualité en l’occurrence des femmes. Celles-ci pourront à terme, faire valoir leur compétence technologique dans différents projets de développement du pays. Le secteur des TICs est un domaine d’avenir très rentable dont les femmes peuvent tirer profit. Mais pour y parvenir, elles ont besoin d’être formées, motivées , financées et suivies.
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