Présentation
Maryse DEGBOE a 35 ans. Elle est gabono-bénino-française. Née à Port-Gentil au Gabon, d’un père gabonais et d’une mère béninoise, elle vit en France depuis 13 ans. Elle se définit d’ailleurs comme une citoyenne du monde « car, dit-elle, avec mes origines diverses et variées, je m’y perds un peu moi-même ».
Elle fait sa scolarité dans sa ville natale où elle obtient son Bac D en 2002, avant de poursuivre à l’Institut Supérieur de Technologie de Libreville. Elle y obtient un DUT en informatique avant de s’envoler en 2005 pour l’IUT de Bordeaux. En 2008, elle rentre travailler dans une société pétrolière de la place, puis décide de repartir en France en 2009 pour différentes raisons.
Certaines entreprises sont créées généralement pour répondre à un besoin ou résoudre un problème. SYNE, qui signifie Smile You are Not alonE (ou en français, souriez-vous n’êtes pas seul) est née du vécu de sa fondatrice. « Un jour je me suis dit Smile You are Not alonE et SYNE est née. Mon entreprise a une histoire… C’est mon histoire. C’est pourquoi je lui ai donné un nom aussi évocateur que la situation dans laquelle j’étais à ce moment-là : une mère séparée, un salaire, mille galères pour trouver des nounous fiables à l’instant T afin de pouvoir aller travailler. » En 2014, après une séparation, et avec un emploi à temps plein qui plus est à Strasbourg dans laquelle elle venait de s’installer pour des raisons professionnelles, trouver des solutions de garde d’enfants était devenue mission impossible.
Ne trouvant pas sur le marché la solution qui l’aiderait à résoudre ses problèmes de garde, elle a décidé de la créer elle-même.
Comment tu fais pour transformer une idée en un projet concret ?
En fait moi-même étant déjà dans le domaine informatique, j’ai rédigé mon cahier des charges. J’ai rédigé toutes les fonctionnalités que j’attendais de l’application. Le souci est que j’étais moi-même salariée à l’époque. Je n’avais donc pas le temps de tout faire moi-même. Et donc je suis passée par des concours pour trouver des financements afin de faire sous-traiter les développements.
Après avoir rédigé mon cahier des charges, j’ai fait le choix d’aller voir une banque tout de suite. Ma demande de financement a été refusée car je n’avais pas de fonds propres suffisants pour que la banque me fasse confiance. J’étais donc un peu perdue et je ne savais plus où aller pour mener à bien mon projet. Je suis donc allée en 2015 au Salon des entrepreneurs à Paris dans le but d’obtenir plus d’informations. J’ai pu participer à beaucoup d’ateliers et j’ai pu obtenir là-bas des solutions efficaces pour lancer un projet.
Après cela j’ai contacté des organismes d’aide à la création d’entreprises, qui m’ont conseillé de participer à des concours pour obtenir des fonds et un capital. Le premier concours que j’ai fait a été un succès puisque j’ai pu gagner 8000 euros. Une réussite qui m’a permis de voir que mon projet a du sens et que je n’étais pas en train de me lancer dans quelque chose d’inutile. J’ai donc passé un an et demi à faire des concours jusqu’à obtenir un total de 100 mille euros tout modes de financements confondus et j’ai pu ainsi lancer une étude de marché et mon site internet.
Et ta plateforme regroupe combien d’utilisateurs entre les parents et les nounous ?
SYNE aujourd’hui regroupe 2 plateformes de service ; une plateforme sociale et solidaire accessible au grand public (www.gardedenfantspourtous.fr ) et une plateforme accessible aux entreprises qui en font bénéficier leurs salariés-parents (https://momesandco.com/)
Actuellement nous adressons plus de 15.000 assistantes maternelles agréées ou Nounous sur toute la France.
D’accord, comment tu as communiqué pour obtenir autant de Nounous ?
Les concours et prix remportés m’ont fait bénéficier de retombées presses importantes au début. Puis, j’ai noué des contacts avec des Nounous, et elles ont pu relayer l’information à leurs collègues. C’est ce qui m’a permis de faire de la publicité sans trop dépenser. J’ai aussi organisé quelques événements où j’ai invité des familles et des Nounous. Et après sur les réseaux sociaux j’ai été aidée par des Nounous hyper connectées et actives. Quelques bloggeuses ont également parlé de SYNE sur leurs réseaux.
Comment tu fais pour rester motivée ?
Ne pas rester motivée, c’est abandonner, cette entreprise c’est comme mon bébé et je ne me vois pas l’abandonner avant (au moins) sa majorité. L’idée de ma plateforme vient de mon expérience personnelle. J’avais moi-même un problème de garde et cela me handicapait beaucoup avec mon travail. J’ai fait le choix de m’engager pour cette cause qui freine considérablement l’emploi des femmes et leur épanouissement professionnel.
Il y ‘a comme une silencieuse injustice dans le fait qu’une femme perde son emploi ou ne puisse pas accéder à certain poste du fait de ses obligations parentales c’est totalement ce qui m’a énervé. Et quand un problème m’énerve je ne lâche pas tant que je ne l’ai pas réglé.
Quels sont les conseils que tu peux donner aux entrepreneurs ?
Entreprendre c’est une décision que l’on prend pour différentes raisons personnelles, professionnelles ou sociales, une fois cette décision prise il faut adopter le mental qui va avec ; croire en son projet, ne rien lâcher et affronter les difficultés avec sérénité car les difficultés sont des opportunités d’amélioration ; un associé qui vous lâche , une banque qui vous refuse un crédit, c’est autant d’opportunités de pivoter vers d’autres pistes de solutions qui peuvent être encore meilleures. Il faut vivre son projet et le vivre à fond avec son lot de joies et de stress. Dans la vie soit on réussit, soit on apprend comme le disait si bien Mandela.
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