Autodidacte et pionnier de l’agroécologie en Afrique, Gora Ndiaye est un véritable visionnaire. Mentor de Rahim Ba, qui est aussi un des grands noms de l´agriculture biologique en Afrique, Gora a réalisé un exploit que nul avant lui n’avait réussi à faire au Sénégal : partir d’une terre désertique considérée comme infertile et la transformer en un gigantesque poumon vert. Dans cet article, on vous propose un focus sur ce paysan sénégalais, passionné d’agriculture et fervent défenseur de la biodiversité végétale.
Le premier paysan sénégalais à avoir adopté la permaculture
La permaculture est un mode d’agriculture basé sur les principes de développement durable. Ainsi, il s’agit d´un type de culture qui se veut respectueux de l’environnement, de la biodiversité ainsi que de l’être humain.
Un paysan qui adopte cette approche de l’agriculture doit à travers son travail, prendre soin de la terre, veiller à sa santé et à celle des autres personnes qui interviennent sur son champs, en évitant d’utiliser des produits chimiques toxiques par exemple. Il doit aussi pouvoir obtenir des rendements importants, créer de l´abondance et redistribuer le surplus.
Ce mode de culture offrait plusieurs possibilités de rendement, ce qui finit par séduire très tôt Gora Ndiaye. Il a d’ailleurs été le premier au Sénégal à avoir adopté la permaculture. Il va se faire connaître et par la même occasion parvenir à divulguer ses connaissances et compétences, en réussissant à transformer une terre désertique située dans la région du Sine Saloum au Sénégal, en une pépinière fertile.
Le pari de Gora Ndiaye
De passage dans la commune de Fimela au début des années 2000, Gora Ndiaye tombe sur un vaste terrain lésé, qui d’après les paysans de la région ne serait plus fertile. Mais fort de son expérience et de ses connaissances dans le domaine, Gora se rend rapidement compte du potentiel de ces terres qui ont été abandonnées. Il va alors les racheter à vil prix, les travailler en suivant les principes de la permaculture, en vue d’en faire un grand potager.
Les autres agriculteurs de la région qui ne comprenaient pas ce que Gora trouvait à ces terres arides, le prenaient pour un fou. Pour ceux-ci, ces terres n’étaient simplement plus bonnes à rien. Mais Gora Ndiaye était bien décidé à leur prouver le contraire. C’est en 2003 qu’il fit l’acquisition de ces terres dites désertiques. Il voulait les travailler de manière à y créer un microclimat. Les premières plantations ont rapidement été ensemencées sur la parcelle et quelques mois plus tard, l’agriculture a commencé à y être développée.
3 ans après avoir fait l’acquisition de cette parcelle, c’était Pari réussi pour Gora ! Il avait transformé cette surface autrefois désertique en un vaste potager riche en multiples espèces végétales. Des arbres fruitiers, des produits maraîchers et même des céréales poussaient désormais sur cette terre, qui, il y a encore quelques années était comparable à un désert.
Les agriculteurs et jeunes de la région, impressionnés par le miracle qu’avait réussi à faire Gora, ont commencé à se rapprocher de lui afin qu’il partage avec eux ses secrets. Les gens venaient des 4 coins du pays pour voir ce qu’avait réussi à faire Gora Ndiaye et en même temps apprendre de lui. La réputation de Gora avait même dépassé les frontières nationales. Des passionnés d’agriculture originaires de la sous-région se rendaient aussi à Kaydara, ébahis par le savoir-faire unique de cet homme.
Conscient de l’engouement que génère son style d’agriculture auprès des jeunes et des paysans, Gora décida de créer une école au sein de la ferme. C’est ainsi qu’est née la ferme école de Kaydara, un centre d’apprentissage spécialisé dans l’initiation et la formation aux pratiques agroécologiques.
La ferme-école de Kaydara : un temple du savoir créé par Gora Ndiaye
C’est en 2008 que les premières sessions de formation de la ferme agroécologique de Kaydara se sont tenues. L’on formait des stagiaires en permaculture et eux aussi, à leur tour transmettaient leur acquis et ainsi de suite.
Totalisant plus de 25 années d’expériences dans les pratiques agro-écologiques, Gora Ndiaye est l’actuel directeur de la ferme. Il travailla pendant plusieurs années comme animateur et accompagnateur en gestion de projet, avec des ONG sur les questions écologiques.
Via sa ferme de Kaydara qui accueille des apprenants venus de tout le Sénégal, Gora collabore avec les communautés et collectivités territoriales. En effet, ces dernières lui envoient des élèves, qui sont formés aux techniques agroécologiques et qui, à leur retour dans leur village, sont censés reproduire ces pratiques sur leur propre champ. Ce qui permet de créer des emplois chez les jeunes et par la même occasion de lutter pour la protection des sols et la biodiversité végétale. Des causes auxquelles Gora Ndiaye tient énormément.
A travers cette ferme-école, un autre objectif de Gora Ndiaye est de former des jeunes qui vont constituer une relève et continuer à perpétuer les techniques agro écologiques acquises tout au long de ces formations.
En langue Wolof, le mot « Kaye Daara », signifie « Viens à l’école » …de la vie.
Gora Ndiaye veut aussi donner une chance aux jeunes
En plus de la formation dispensée dans la ferme-école, Gora Ndiaye a octroyé à plusieurs apprenants, des parcelles dotées d’une superficie d´un hectare. Ce faisant, il leur a permis de vivre de l´agriculture biologique, en mettant en pratique tout ce qu’ ils ont appris à la ferme. Cela constitue aussi pour lui un moyen de les initier à l’entrepreneuriat agricole.
A travers cette démarche, Gora donne en sus à ces jeunes, les moyens de vivre sur leur terre et de gagner leur vie, en pratiquant une agriculture à moindre coût, respectueuse de l’environnement et des écosystèmes. L’initiative de Gora a par ailleurs permis aux jeunes formés, d’abandonner leur désir d´immigration clandestine et également de limiter le phénomène de l’exode rural.
Aujourd’hui encore, Gora Ndiaye œuvre pour la promotion des pratiques biologiques et des énergies renouvelables. Il s’active aussi dans la protection et la conservation du patrimoine génétique des semences.
L’agriculture biologique t’intéresse et tu voudrais en savoir plus ? Savais-tu qu’Askan organise cette année des formations en agriculture au Sénégal ? Il s’agit d’une formation physique dispensée à la Ferme des 4 Chemins de Toubab Dialaw. Rahim Bâ dirige actuellement cette ferme et est l’un des premiers agriculteurs à avoir choisi de suivre les traces de Gora Ndiaye, et surtout son plus grand associé, avec qui il a fondé la Ferme École de Kaydara. En effet, Rahim était le formateur principal dans cette école. Grâce à son expertise il a pu accompagner des centaines de personnes, principalement des femmes et des jeunes. Pour en savoir plus sur cette formation clique sur le lien ci-dessous.
1 commentaire à "Gora Ndiaye : Le sénégalais qui a fait pousser un oasis végétal dans un désert"
Je suis tout simplement admiratif et respectueux du travail et de l’hHomme. J’espère pouvoir découvrir votre travail. J’ai choisi une autre voie mais je viens de prendre une belle leçon de vie en découvrant votre personnage.