Tête pensante et doté d’une main verte, Aly Ndiaye fait incontestablement partie des plus grandes figures de l’agro-écologie au Sénégal. Titulaire d’un diplôme d’ingénieur agronome, il détient également une maîtrise en agriculture biologique. Basé au Brésil où il exerçait en tant qu’expert dans le domaine de la production agro-écologique, il a effectué un voyage au Sénégal en 2020 et a été contraint de rester, suite à la fermeture des frontières. Durant ce confinement forcé, Aly Ndiaye va retourner à ce qu’il sait faire de mieux : travailler la terre en vue d’y faire pousser des plantes utiles. Désormais à la tête du projet de création des jardins circulaires Tolou Keur au Sénégal, Aly Ndiaye se bat pour créer une muraille verte destinée à lutter contre la désertification dans plusieurs régions du Sénégal. 

Aly Ndiaye : maître d’oeuvre du projet de construction des jardins circulaires

Sénégalo-brésilien, Aly Ndiaye est le maître d’œuvre du projet Tolou Keur, dont l’objectif est de doter le Sénégal de sa propre muraille verte. Ingénieur formé à l’Université fédérale et rurale de Rio de Janeiro, il est à l’origine de la conception du Programme de Production agro écologique intégrée et soutenable (PAIS) au Brésil. Il fait partie des rares sénégalais qui ont su se rendre compte très tôt du potentiel de l’agriculture biologique et qui n’ont pas hésité à investir dans ce domaine. Formé et passionné d’agriculture, il a réalisé de gros exploits dans ce secteur au Brésil.

Aly Ndiaye

Grâce à l’utilisation des pratiques agroécologiques et à l’adoption d’un mode de culture pensé pour favoriser le développement durable, Aly Ndiaye est devenu expert en matière d’obtention de hauts rendements sur de petites superficies. Sur une parcelle dotée d’un hectare par exemple, il peut exercer diverses cultures comme le maraîchage ou l’arboriculture.

. Et obtenir des rendements impressionnants. Tout cela sur un même espace ! 

Pour y arriver, Aly Ndiaye utilise un mode de production agricole basé sur la diversification des cultures. Cela lui permet de réduire les espaces de culture tout en augmentant les rendements agricoles. Sa philosophie a convaincu l’État brésilien qui lui permit de développer ce mode de culture sur près de 15000 unités de parcelle dans 26 États du Brésil, dans le cadre du projet PAIS. Après le Brésil, c’est le Sénégal qui a la chance de bénéficier de l’expertise de ce ténor en agriculture biologique.

Si Karine Fakhoury, spécialiste en écologie et santé est à l’initiative des jardins circulaires Tolou Keur, Aly NDIAYE en est le maître d’œuvre. Le projet consiste donc à produire beaucoup sur de petits espaces et cela constitue justement le champ d’expertise de Aly Ndiaye. Coincé au Sénégal en 2020 après la fermeture express des frontières, Aly Ndiaye travaille depuis 2020 sur ce projet, dont l’objectif est de créer des forêts nourricières et médicinales.

Les jardins circulaires de Aly Ndiaye :  renforcer l’autosuffisance alimentaire des populations rurales et lutter contre la déforestation

Le projet entre dans le cadre des actions menées par l’Agence sénégalaise de la Reforestation et de la Grande Muraille Verte (ASERGMV). Haidar El Ali, militant écologiste et ancien ministre de l’Environnement  préside cette agence.

Le projet a vu le jour en 2020, suite à une prise de conscience des richesses alimentaires et médicinales des plantes qui poussent en Afrique mais qui demeurent encore sous exploitées. En effet, de nombreuses plantes qui poussent sur le sol africain ont des vertus nutritives. Elles peuvent également servir à soigner plusieurs maladies.. L’idée est donc de favoriser une production maximale de ces plantes utiles

C’est dans un contexte d’urgence que Aly Ndiaye et son équipe a élaboré ce projet.

Face à la fermeture des frontières, tous les pays devaient trouver rapidement des solutions pour renforcer leur autosuffisance. A l’instar des autres pays, le Sénégal a aussi fermé ses frontières pour tenter de freiner la propagation du coronavirus. Cela a eu pour effet la réduction des échanges commerciaux exposant les communautés rurales à un risque de dépendance.

Aly Ndiaye va alors dédier son confinement à l’accompagnement des petits producteurs ruraux. Il va les aider à se consacrer à une agriculture plus durable, qui leur permettra d’augmenter l’offre de nourriture ainsi que leurs revenus grâce à la vente des excédents. 

Une approche 100% participative

La particularité de ce projet est qu’il est basé sur une approche 100% participative. Pour Aly Ndiaye, Tolou Keur ne pouvait être une réussite, que s’il était mis en place pour la population et avec l’accord de celle-ci. Pour le bonheur de tous, l’on a impliqué aussitôt les différentes cibles en tenant compte de leurs avis pour les décisions les plus importantes. Se sentant impliquées, les populations ont fini par s’approprier l’initiative des jardins circulaires Tolou Keur. Le succès de ce projet réside d’ailleurs à l’implication massive de la population à toutes les étapes.

L’autre raison qui explique l’ampleur qu’a pris le projet de jardins circulaires Tolou Keur, c’est qu’il permet de lutter contre la problématique de l’accès au foncier. Il s’agit de la plus grande difficulté à laquelle sont confrontés les agriculteurs et éleveurs au Sénégal. Avant, il fallait nécessairement cultiver sur une grande superficie pour espérer avoir une bonne productivité. Mais avec les techniques agricoles biologiques qui sont divulguées par Aly Ndiaye, et avec la diversification des cultures qu’il enseigne, les populations n’ont plus besoin de surexploiter la terre pour avoir un rendement élevé. 

Même en cultivant sur de petits espaces, les agriculteurs peuvent désormais obtenir des  rendements très élevés. Ils en auront assez pour se nourrir et pourront vendre le surplus afin de se constituer des revenus. Selon M. Ndiaye, sur une surface d’un demi-hectare, la productivité d’une culture diversifiée est beaucoup plus importante que celle d’une agriculture intensive. Les paysans peuvent alors récolter en moyenne une tonne mensuelle d’aliments diversifiés, s’ils optent pour ce type de culture. 

La structure particulière des Jardins circulaires Tolou Keur : une oeuvre d’art végétale signée Aly Ndiaye

La structure en forme de cercle des jardins circulaires Tolou Keur n’est pas anodine. Les plans circulaires permettent aux racines de pousser vers l’intérieur. Permettant de retenir dans le sol, liquides et bactéries, contribuant à améliorer la rétention d’eau et le compostage.

Autour d’un petit poulailler central (construit à partir de matériaux locaux et recyclés), Aly Ndiaye et ses équipes ont planté en cercle, des arbres fruitiers, des plantes maraîchères et médicinales. Une observation minutieuse des jardins circulaires permet de constater qu’ils ont aussi planté les arbres les plus résistants (acacia, anacardiers, etc.) à l’extérieur.

Au centre du cercle, on y a logé les plantes médicinales dont la culture nécessite un grand apport en eau. Les jardins circulaires abritent des plantes et des arbres résistants aux climats chauds et secs. On y retrouve par exemple la papaye, la mangue, le moringa, la sauge, etc. Cette structure,  favorise la création d’un microclimat qui va aider à diminuer la consommation d’eau sur les parcelles. 

Pour les habitants des villages là ou l’on a construit les jardins circulaires, ce projet constitue une opportunité en or. Ils n’ont plus besoin de se déplacer pour acheter des fruits, des légumes ou des œufs au marché. Ils ont maintenant tout sur place, dans les jardins circulaires Tolou keur, situés à proximité de leurs logements. 

Une solution pour créer des emplois et limiter le phénomène migratoire 

Au-delà de leurs avantages pour les populations cibles, les jardins circulaires d’Aly Ndiaye vont permettre de renforcer la sécurité alimentaire, de limiter les dégâts de la désertification et de créer des emplois. En effet, la possibilité de cultiver sur ces jardins constitue pour les jeunes du monde rural un moyen de gagner leur vie grâce au travail de la terre. 

A travers cette initiative, Aly Ndiaye cherche surtout à montrer l’exemple. Il veut décourager les Africains subsahariens qui se lancent parfois au coût de leur vie, en tant que migrants illégaux, à la recherche d’une vie meilleure en Europe et en Amérique. Les jardins circulaires Tolou Keur offrent désormais à ces jeunes, la possibilité de rester dans leur pays pour travailler la terre de façon optimale et durable afin de gagner suffisamment d’argent.  

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    1 commentaire à "Aly Ndiaye : l’ingénieur agronome derrière la conception des jardins circulaires de la Grande Muraille Verte du Sénégal"

    • Papa amary Ndiaye

      Je suis un jeune maraîcher après avoir vu la publication de ce projet qu on attendait depuis que nous quittons l’université pour retourner à la tere pour faire le maraîchage don nous voulions faire partir des benificier

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